samedi 1 novembre 2014

"Parler avec les gens, c'est pas un métier"

Coucou ^^

(Tjs pas de new's de la Purple Haze Week)

Ceci n'est pas un secret: je travaille. Avec des gens. Dans leur chez-eux.
Métier superbe et gratifiant, mais pas toujours simple.

Je te livre une belle anecdote, épique qui dure sur plusieurs jours.


Depuis maintenant trois semaines, mon service à une nouvelle demande. J'y vais presque  exclusivement car je suis la plus proche géographiquement (9 km) et parce que les gens aime bien avoir la même personne. Aucun rapport avec mon charme naturel et mon charisme (que je n'ai pas ;) ), c'est juste que tu deviens "une habituée" et donc tu connais un peu la maison, pas besoin de répéter ce qui a été dit le 1er jours. Et la confiance s'installe.

Cette demande, tu la connais bien, puisque c'est en partie à cause d'elle que je me suis foutue les cervicales en l'air. Il y a donc... 3 semaines. (aller mardi ça ira mieux, je suis débloquée à 95%)

Je m'occupe d'une dame hémiplégique gauche. La dame est très gentille, très serviable, elle peignait des tableaux magnifiques. Je veille à son bien être et elle a une surveillance pendant que son mari va faire ses soins a l'hôpital afin qu'elle ne soit pas toute seule.

Je te plante le décor. Comme on dit chez nous: c'est une belle petite demande.

J'y reste deux heures. Au départ j'y allais 4 heures, je m'occupais de son diner, je le lui coupais en morceaux (+ vaisselles). Depuis j'y vais deux heures car elle à des aides familiales qui s'occupe du dîner.  Je veille à ce qu'elle aie a boire, qu'elle puisse grignoter et qu'elle puisse parler. Ça c'est ce qu'on m'a dit avant que j'y aille et la demande qui a été faites. (Ce que les gens ont demandé à ma patronne qui viens toujours voir les gens avant de lancer la demande)

Le premier jour que je vais là bas, je m'occupe du dîner (tout fait), je papote, je veille a ce qu'elle prenne ses cachets, qu'elle s'hydrate. Bref, ce qu'on m'a demandé. Même plus puisque le séchoir est fini et je replie et range les vêtements.
Sur ce, arrive l'infirmière qui dépose la dame sur la chaise percée. Puis elle se casse.
Sans rien dire. La dame à fini et là, je me dit, si elle pousse sur sa jambe je vais la lever.

J'essaye une fois, deux fois, trois fois... Rien, nada, j'arrive pas à la faire tenir debout. Cette dame à l'habitude de tenir les gens pas la nuque. J'aime pas ça. Je lui explique pourquoi je préfère qu'on me tienne par les omoplates.
On essaye encore une quatrième fois. Que dalle. Je force, la dame redéplace sa main au mauvais moment et j'entends mes cervicales qui craques. Pas bon du tout ça.

La dame ne m'en veut pas et me dit, "je fais 1m76 pour 86 kilos, en maison de repos, les infirmières étaient à deux pour me lever" Et moi je suis seule et elle fait 30 kilos et 10 cm de plus que moi. Je commence à comprendre le problème: ce n'est pas moi qui suis nulle mais je crois que l'écart de poids est trop important. Je ne sais pas faire contrepoids.


Pourtant, manipuler des gens, j'ai l'habitude. J'ai soulever une dame qui n'avait plus de jambes, j'ai un autre monsieur hémiplégique qui ne m'aide pas du tout, je sais "porter" des gens qui font jusqu'à 20 kilos de plus que moi.

Mais 30 kilos je ne sais pas. C'est ma limite physique. Là il me faut de l'aide: une tierce personne ou un lève-personne. Justement j'en ai un. Mais la dame ne l'aime pas du tout. Et donc, ne veut pas que je m'en serve. Donc... je ne sais pas la lever.

Obligé de faire revenir l'infirmière. Qui râle. En me sortant que j'ai pas l'habitude donc pas le bon truc. (C'est pas comme si ça faisait 4 ans que je pratique le métier, hein, madame!)

Les jours passes et, lundi elle me dit, cette (charmante?) infi: "mais j'ai besoin de quelqu'un qui sache la porter. Ta collègue elle su, moi je sais. Tu devrais savoir le faire."

Déjà, mon autre collègue est plus grande et fait 10 bon kilos de plus que moi. L'infi fait 15 bon kilos de plus que moi. La dame a de plus en plus dur aidé. Et moi j'ai perdu un kilo, j'ai mal au cou. Et je ne suis pas ma collègue!

Je lui dit donc gentiment que ce n'est pas que je ne veux pas mais que je ne sais pas, que c'est pas une question de technique où de mauvaise volonté de ma part mais une différence de poids. 
Sur ce, elle dépose la dame sur la CP et s'en va. elle reviens une demi heure plus tard.  Entre temps, sans rien me dire, elle sonne au bureau en disant que je ne conviens pas, que je sais pas faire mon boulot et que je ne sais pas l'aidé.

Et là, tu à la connasse de secrétaire, qui ne voit jamais les gens, qui lui sort: "Oui mais elle s'occupe d'un monsieur hémiplégique plus lourd!" 

WHAT????? Mais ce type là ne fait pas 30 kilos de plus que moi! sinon c'est pareil, je ne saurais pas le mettre au lit.

Déjà, j'apprécie pas qu'elle sonne dans mon dos, on peut en parler avant. J'ai un cerveau, je comprend très bien. Et son argument: "Mais j'ai des gens a *ville éloignée* moi!" Heu, attend....pourquoi tu prends des gens en plus si tu sais pas déjà t'occuper de ceux que t'as déjà? Qu'est-ce que j'en peu si elle choisi des gens qui habite a pétaouchnoque- les- oies? 

Coup de grâce: "Mais c'est pas un métier de parler avec des gens" (et sous entendu :  et comment tu travaille si tu sais pas lever des gens?")

J'en suis restée sans voix!!! (puis j'aurai bien hurler!)

 Donc mon métier se résume à ça, pour elle: je parle avec des gens (et accessoirement, je ne sais pas faire mon job)...

Alors que chez cette dame, je fais la vaisselle, je m'occupe des poubelles et du linge. Je vais à la pharmacie pour eux. C'est pas dans mes attributions. Je le fais car l'époux est sous oxygène h24 et qu'il lui est difficile de se déplacer. Et j'ai des limites physiques aussi.

Et je parle avec eux, je leur donne un soutient psychologique aussi. C'est pas matériel , c'est pas visible ou quantifiable mais ça fait partie de mon travail.

Quand je pense que chez certaines personnes je dois tout calculer à la micro seconde pour savoir tout faire. Je fais des toilettes, des dîner, des courses, des vaisselles, des lessives, je lève et couche les gens, je les aide dans leur déplacement, je veille a leur sécurité, j'enlève des tapis, je déplace des meubles, je veille à l’hydratation, au confort, à la prise des médocs, à ce qu'ils mangent, je les changent...

Et j'ai la contrainte des horaires que elle, elle n'a pas.

Non madame mon métier ne se résume pas à "parler avec des gens"!!!


Un autre jour (j'y vais 3x/semaine), j'arrive à 15h pile. L'infi arrive à 15h05. Et elle me dit: "Mais pourquoi tu me fais appeler si tu es là, met là sur la CP"
"Heu, bonjour, je viens d'arriver et de déposer mes affaires. "

Ensuite elle essaye de lever la dame. Ah ben tient, elle y arrive pas. C'est pas la première fois. Elle essaye encore 2 fois. Bonne joueuse je lui propose mon aide. Elle refuse . Puis elle me dit: "Tu sais j'ai vraiment difficile la lever" 

C'est le camembert qui dit au fromage qu'il pue?

"Mais quand je reviens, t'essaye" . Si elle y arrive pas avec ses supposés 65 kilos, moi avec mes 56 toute mouillée, ça ira pas non plus. 

Heureusement (ou malheureusement pour elle) les deux personnes (parfois le monsieur est là) me défendent. La dame l'a déjà remise quelques fois à sa place. Et le monsieur lui a clairement fait comprendre qu'il n'ont pas pris une garde malade pour faire son travail à sa place. Mais bien pour les soulager eux, pour voir un peu du monde et pour l'aider elle.

J'en ai parler avec Luc. Parce que la remarque de la nana m'a vexée. Oui, je le dis, vexée! pourtant pour me vexer ou me fâcher il en faut vraiment beaucoup . Luc m'a répondu très intelligemment. :" d'un point de vue extérieur, c'est qu'on dirait que tu ne fait que ça, mais ça fait partie de ton boulot, tu ne peux pas le faire sans rien dire. Tu es là pour soulager le quotidien des gens et la parole aide beaucoup. Tu n'arrive pas a faire ce qu'elle t'impose, donc elle te juge un peu hâtivement. C'est malheureux. Ne te laisse pas avoir par elle, toi tu sais ce que tu fais et si les gens t'apprécie et te garde, c'est qu'ils sont content et qu'il te trouve compétente".

J'ai un chéri en or ^^



Note bien que mercredi de cette semaine, elle m'a littéralement ignorée, n'a pas péter un mot, si ce n'est une, fois la dame à moitié toute nue sur son lit  un "Et ça, tu saura  le faire au moins?"  Oui, je sais changer quelqu’un , remettre des gens convenablement dans leurs lits, les mettre en pyjama et je n'appelle pas mes patients "ça". Le respect et la politesse, aussi, Madame! Mais tu répond calmement un: "Pas de problèmes, je vais m'occuper de madame" alors que tu bous intérieurement.

J'ai une réunion avec mes collègues la seconde semaine de novembre. J'en parlerai avec ma patronne et mes collègues. Je souhaite savoir si j'ai mal compris mes tâches, si on doit mettre quelqu'un qui saura répondre aux attentes de l'infi et vider mon sac. Parce que ce comportement me répugne. Ma patiente dit qu'elle est jalouse. De quoi? De qui? Pourquoi? A cause de ma gentillesse et de mon dévouement. Qui sont naturels. Point.

Mais vraiment, cette infi m'étonne, car parler aux gens et le soutient psy, ça fait aussi partie de son métier. Et mes patients on un nom et pas un "ça!"

Loin de moi l'idée de me plaindre  car j'adore mon métier mais j'avoue que cela me reste au travers de la gorge. Et qui subsiste beaucoup d'incompréhension pour ma part.

Entre sa sympathique remarque et un "vous payer bien cher pour payer quelqu'un pour vous parlez"...

Hé bien, non, je ne digère pas. Pas encore.

Mais en attendant, là où je m'attendais à travailler, comme d'habitude, "main dans la main" avec une infi, comme tout/toutes les autres, je me heurte à un mur.



Je te laisse, je vais poser mon cou sur un oreiller et reposer un peu mes cervicales encore blessées.

Milles bisous,

12 commentaires:

  1. J'aime bien ce que Luc t'a dit... ça me paraît très juste... Sinon je pense que t'es tombée sur une ECMB... (encore une connasse mal baisée ^^)... On en croise pas mal ces temps-ci ;)

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    1. D’après ma petite dame (de 86 ans!) elle serait jalouse... Je m'efforce juste de faire bien mon travail. En tout cas, j'ai ris avec le ECMB... je ne vais pas l'oublier de sitôt ^^

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  2. déjà, j'ai un grand respect pour ce que tu fais, ne serait ce parceque je sais que je ne pourrais pas !
    Physiquement, et surtout moralement, je ne saurais pas comment me comporter avec les personnes agées ou dans le besoin, j'ai toujours peur de froisser, de dire un truc de travers, de vexer ... bref, je ne suis pas à l'aise.
    Mais si en plus, il faut supporter les remarques déplacées des autres intervenants de santé, mazette, c'est compliqué !

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    1. D'habitude, je met les choses a plats et j'explique. Je ne refuse pas quelque chose pour le plaisir. Mais si ça lui plait de fusiller son dos et son cou grand bien lui fasse. Si elle n'a pas envie de dialogue, hé bien...elle n'a pas envie et cela ne sert à rien de m'échiner pour des clopinettes.

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  3. Ton mari a raison : ne te laisse pas trop atteindre. Elle ne connait rien de toi, ni de ton métier, mais elle s'autorise à être volontairement blessante = elle n'en vaut pas la peine...
    C'est malheureux de tomber sur des gens pareils, surtout dans les métiers où les rapports humains sont essentiels...
    Bon courage !

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    1. Maintenant je passe au dessus de ça, deux autres de mes collègues y vont cette semaine et je verrai bien si ça se passe mieux avec elles où si l'infi reste égale à elle même.
      Comme tu le dit c'est malheureux, au final c'est le patient qui paye les pots cassés.

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  4. Ma mère bosse aussi dans le médico-social ( elle est amp) et est souvent confrontée à cette situation de "jalousie" (autant à domicile qu'en résidence, EHPAD...). D'après les faits qu'elle m'a relaté et ton témoignage, je pense la même chose que la dame que tu accompagnes : l'infi' est jalouse. Jalouse de la relation que tu peux nouer avec les personnes que tu accompagnes, de tes compétences mais aussi du fait que tu t'épanouis dans la pratique d'un métier qui te plais (je suis pas très sure de ce que j'avance là, mais c'est le cas de ma mère x) et que ce n'est surement pas son cas (à l'infirmière) (trop de parenthèses tuent les parenthèses) !
    Fin' bref, ne te laisse pas démonter par des personnes pareilles, ça n'en vaux pas la peine et leur ferait trop plaisir !

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    1. Je trouve ça débile d'être jaloux dans un domaine ou on est censé travailler ensemble. Au final c'est les patients qui en payent les pots cassés. Je ne me laisse pas démonter mais j'ai été vexée lol. On verra comment ça se passe avec mes collègues ^^

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  5. Ne crois pas ce qu'elle te dit ! Elle fait mal son travail ! Je rejoins Fedora ton chéri a complètement raison ! Prends soin de toi & repose-toi bien ! Bisous

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    1. J'ai été hier à ma deuxième séance et on a fini de me débloqué. Ca fait un bien fou , t'imagine même pas. T'entend un p'tit craquement et pouf, la douleur s'en va. C'est presque de la magie. Maintenant je relativise, deux autres collègues y vont et on verra bien comment ça se passe.

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  6. Ton boulot va au de là de l'aspect purement médical. Tu joues un rôle essentiel dans le bien être des patients chez qui tu vas. C'est ton infirmière qui manque d'humanité. Dans les endroits ou il y a peu de médecins, les infirmières ont souvent tendance à se croire plus importantes qu'elles ne le sont et en profitent pour se défouler sur les aides soignantes.
    C'est à ta chef de démêler le vrai du faux. Et puis, si tes patients demandent à ce que tu reviennes, c'est que tu fais du bon boulot !

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    1. Je devais en parler demain, mais au lieu de cette réunion tant attendue, je vais bosser... ce qui ne m'arrange pas du tout. Mais bon ^^
      D'habitude j'ai pas de problèmes avec les infis. Du coup je fais contre mauvaise fortune bon coeur ^^

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