Hello^^
Aujourd'hui un article un peu moins jojo.
Comme ça tu es prévenu(e).
J'ai hésité a appuyé sur "publier"
jusqu'au bout.
Je voulais un peu te parler de mon travail et de
ses aspects les moins reluisants ou drôles.
Je crois que si tu me suis depuis un bout de
temps, tu sais à quel point j'aime mon travail et quel point il m'enrichit. Pas
toujours en espèces mais humainement.
Il m’oblige régulièrement à sortir de ma zone de
confort, à trouver des astuces et des solutions. A me dépasser. A m’améliorer.
A donner le meilleur de moi-même. Constamment. Je m'efforce d'être flexible,
adaptable sans jamais renier la personne que je suis, mes valeurs et mes
convictions. Pour me décrire, je dirais que je suis un caméléon: toujours moi à
l'intérieur mais changeante à l'extérieur. Parce que les gens doivent autant
s’adapter à toi que toi a eu. Et plus toi qu’eux d'ailleurs :)
Cela pourrait être une porte d'entrée au burn
out mais même pas. Je sais faire la part des choses et j'ai une équipe avec
moi. Je suis bien dans ce que je fais.
Certes je patauge dans les fluides corporels
(pour le dire poliment) les gens ne sont pas toujours gentils ou agréables, les
horaires sont fantasques, parfois on doit faire avec les familles qui pensent
qu'une aide-soignante à deux de tension et qu'on s'alarme pour en rien, qu'on
en demande trop ou qu'on pique leur place. Ce qui est faux. Et qu'on
coûte cher. Ce qui est vrai. Mais tu connais beaucoup de services aux personnes
qui, si tu n'es vraiment pas bien et que si tu sonnes pour avoir quelqu'un le
jour même, on se démerdera pour t'envoyer une bonne âme veiller sur toi... le
jour même? Alors oui, les gardes malades ne sont pas données mais le service
est d'une autre qualité.
D'ailleurs plein de gens le disent: "Je
trouvais ça cher mais vous valez franchement qu'on vous paye autant: les autres
services ne font pas autant que vous".
C'est le 1er point qui fait un peu mal: les sousous
dans la popoche.
Le second point peut être résumé par le côté
"pipi-caca" du métier. Si j'avais un euro à chaque fois que je vois
une paire de fesses, je le jure, je serai riche!
Mais à côté de ça, tu rencontres des tas et des
tas de gens gentils, sympa, serviables, agréables, pleins d'humours... à force
de les croiser, tu te lies, ils ont leurs préférences (toi aussi mais tu le
montre pas...) tu t'entends avec les familles, ça roule ma poule!
Le troisième point ce que j'ai parfois
l'impression de me sentir comme deux ronds de flans, inutile et incompétente.
Quand les gens t'expriment leur douleur et souffre, toi t'as l'air sacrément
con car tu ne sais rien faire. Tu es impuissant à soigner les maux. Alors tu prêtes
une oreille compatissante ou tu leur dit tout simplement que tu entends bien
leur douleur mais que tu n'as pas de solution miracle. Ni de panacée
universelle.
Parfois te remplace la famille parce que les gens
n'en n'ont pas, sont trop loin, délègue totalement aux gardes...
Bref, t'as beau faire, les patients tu t'y
attache.
Et le dernier, le gros, le prévisible mais le
revers qui fait mal: quand les gens s'en vont là où tu ne les rejoindras
pas.
La mort fait partie de mon travail aussi bien que
la vie et parfois j'ai dur, j'ai vraiment dur. Certains qui partent me rappellent
à quel point je ne suis qu'un être humain qu'il fait tout ce qu'il peut. Avec
ses des tripes et son cœur.
J'ai perdu plusieurs patients que j’appréciai
vraiment. L'impact était peut-être plus fort car la personne était bien
entourée par la famille et l'aidant professionnel accueilli à bras
ouvert. Des familles dans lesquels tu te sens bien.
Il y a un an, une petite dame s'en allait, âgée
de 91 ans et atteinte de la maladie d'Alzheimer. Elle s'est éteinte
doucement, telle la flamme d'une bougie qui se consume, paisiblement. C'est la
1ère à avoir fait frémir mon cœur, la 1ère pour lequel j'ai versé une larmichette.
Parce qu'elle m'a appris que les Alzheimer avaient une autre
mémoire, une mémoire tactile. Qu'ils associent les sons, les voix à quelque
chose.
C'est une anecdote que je me plais à raconter
tant elle m'a marquée. J'y allais fréquemment, entre une et deux fois
semaines, dans la tranche horaire de 13h30 à 18h30. Une belle demande, pas
difficile avec une pathologie que j'adore. Car j'aime particulièrement
m'occuper de ses malades-là même si ce sont les plus difficiles.
L'année passée, mes heures sup' de mars ont fait
que j'avais presque bossé mon mois d'avril. J'ai donc travaillé... 16h. Lorsque
je suis revenue la 1ère semaine de mai, j'étais un peu triste, me disant
qu'elle m'avait sûrement oubliée, puis je me suis vite reprise en me disant que
c'était l'occasion de recréer quelque chose de beau. La dame dormait à mon
arrivée. Je lui ai fait un bisou sur le front et lui ai chuchoté: "Bonjour
Nénette,
c'est Carole". Elle s'est réveillée d'un coup m'a recardé les yeux grands
ouverts comme je ne les avais jamais vu et m'a fait un énorme sourire. Si grand
qu'il lui prenait presque tout le visage. Je lui ai souris en retour avec un :
"Moi aussi je suis contente de revenir près de vous"
Puis j'ai vaqué à mes tâches.
L'infirmière est arrivée pour la toilette de la
dame et me dit tout de go " Ah on voit que c'est toi, elle est plus
détendue". Je regarde l'infirmière et lui dit "Hé tu charrie!"
"Non, je le vois à sa manière d'être". On s'occupe à laver la
dame. Puis ça me titille et je lui glisse innocemment: "Elle m'a fait un
super grand sourire quand je suis arrivée, j'avais jamais vu ça. Tu as raté
quelque chose, ce n’était pas la même Nénette".
"C'est normal elle t'associe à quelque
chose de positif, les Alzheimer ont une autre mémoire
que nous, plus tactile..."
Je jure que ça m'a payé mon mois. En 2 ans que je
la connaissais, cette dame m'avait appris plus que mes deux ans de cours. (Bah
j'en ai les larmes aux yeux!)
Le deuxième patient qui lui m'a fait pleurer, est
décédé dimanche. Lorsque je l'ai rencontré, sa femme était mourante. Super
ambiance et super pour commencer. Son épouse est décédée trois jours plus tard.
Mes collègues y avait été avant moi mais sa femme était un peu, beaucoup hyper
exigeante et avait finir par faire fuir mes collègues. J'étais un peu le
dernier recours, haha.
Ce Monsieur, j'y ai fait des heures, des heures
et des heures. Depuis mars je crois bien que j'y ai fait la moitié de mes
heures. On y était bien. J'avais l'impression d'entrer chez moi. Et on
s'entendait vraiment bien. On avait un bon feeling. Je n'avais aucun
problème avec sa famille. Il explosait de forme pour un jeune de 89 ans.
Tellement que son coma et son décès furent brusques! Ma collège C. m'avait
prévenue qu'il était mourant que la famille souhaite me prévenir si je voulais
lui dire au revoir. Je suis arrivée 1/2 heure trop tard car je
travaillais.
Étant là, j'ai aidé ma collègue J à le laver et
l'habiller. Avec sa famille, on l'a fait tout beau pour son dernier voyage.
Puis je me suis retirée et je suis rentrée chez
moi.
Et le soir avant de m'endormir, j'ai passé en
revue tout ce que j'avais fait pour lui. Et je me suis dit que j'avais bien
bossé et rien à me reprocher. Que mon travail avait été réalisé comme il se le
devait: parfaitement. Que la psycho rigide maniaque qui sommeillait en
moi était satisfaite.
Et si c'était à refaire? Je referai tout pareil.
J'ai été rendre visite. Et j'ai pu mettre un
point final dans ce chapitre de mon travail.
Je vais encore m'attacher à d'autre patients et
d'autres me donneront encore un pincement au cœur quand ils partiront. C'est un
gros revers à mon travail.
Mais construire quelques choses avec des gens,
c'est tellement gratifiant et épanouissant, cela m'apporte tellement que ça
vaut bien la peine d'avoir bobo au cœur parfois.
Je suis ce que je suis avec mon cœur, mes
sentiments et mon professionnalisme, je suis un être humain qui vit à fond ce
qu'elle aime. Et c'est très bien comme ça.
Oui ça fait mal, mais bon sang, que j'aime se
métier!
Je me demande encore si j'ai bien fait de faire
paraître cet article, mais tant pis, j'assume!
Milles bisous,
Cari
Je comprend parfaitement ce que tu ressens, enfin le comprendre non car je ne le vis pas mais c'est tellement légitime. Des mois et des mois à coté de personnes auquel tu t'attaches et t'en occuper comme si c'était tes propres parents, forcément ça créer des liens et puis tu rentres dans leur intimité, tu fais parti de leur quotidien et comme eux font parti du tiens. On a beau dire "tenir une distance" c'est impossible dans ces cas là. Crois moi, pour en avoir côtoyé plusieurs cet été vu ce qui est arrivé à ma mère il y a quelques uns des soignants (pas tous la majorité été super !) qui devraient aller faire un petit stage avec toi. Bref je comprend ta tristesse et ta peine mais crois moi tu leur as rendu la fin de leur vie plus facile et bien plus digne. Je te l'ai déjà dis cet été mais quand ma mère était à l’hôpital j'aurais bien aimé que tu sois son aide soignante, ta conscience professionnelle et l'importance que tu portes à tes patients est rare et ça en fait un bel atout.
RépondreSupprimeril y a pas mal de soignants qui sont désabusés par le métier. Et puis j'ai l'immense chance d'avoir une responsable qui prend en compte les demandes des patients. Dans beaucoup d'autres services, les aidants sont limités pour éviter qu'ils ne s’attachent, s'habituent et ont une charte très stricte comme par exemple l'interdiction de faire des courses en dehors du travail (pour le gens) de rendre visite en dehors des heures de prestations et doivent couper tout contact dès le décès du patient... J'ai encore la chance d'avoir le droit de sortir un peu de mon cadre (mais pas trop) et d'être acceptée comme je suis. en plus on arrête pas de faire primer la rentabilité plutôt que la qualité ou le bien être.
SupprimerMais il est vrai que d'autres n'ont pas de respect pour le gens et ça c'est triste. Je soigne le gens comme je le ferai pour mes propres parents et n'oublie jamais que la suivante dont on s'occupera, ce sera moi! Après tout on est pas éternellement jeune... ni éternel tout court.
J'aurai adoré soigner ta mère, ne fusse que pour pouvoir vous rencontrer toutes les deux ^^
Tu m'as fait verser une larmichette, dis ^^
RépondreSupprimerTu es vraiment, vraiment une belle personne.
Merci beaucoup ^^
SupprimerEt désolée pour la larmichette :)
Hello ma belle,
RépondreSupprimerTon article m'a beaucoup touchée ! Tu fais un métier pas facile mais tellement beau, je suis admirative de tes récits et j'avoue être toute chamboulée ! Je t'admire aussi car je pense être incapable de faire comme toi, ce doit être très éprouvant et tu mérites plus reconnaissance !
Gros bisous à toi ! <3
Tu n'es pas la 1ère a me dire que ce travail n'est pas pour toi et je comprends. Par exemple j'admire les pompiers, policiers, urgentistes et même les éboueurs (ont serai bien démunis sans eux!) mais je serai incapable de faire leur travail.
SupprimerMerci pour la reconnaissance, ça fait du bien et je prends volontiers. Parce que, autant je croise des gens admiratifs de ce que je fais, autant j'en croise des dédaigneux qui ne comprennent pas et me rabaissent. Ainsi va la vie ;)
Gros bisous à toi et merci de ton passage ♥
Tu as bien fait Carole de publier cet article pour faire découvrir le côté humain de ton métier et le tien surtout. Tu as une grande capacité d'écoute et d'empathie. Je te trouve admirable car ton métier est aussi difficile que ton aide est précieuse pour tes patients et leur famille. Bisous.
RépondreSupprimerMerci beaucoup ^^ Pour l'empathie, je l'ai bien développée avec le travail, j'en avais beaucoup moins avant :)
SupprimerTrès émouvant ton article...
RépondreSupprimerTu redonnes de la valeur à ce métier, souvent méprisé, en en parlant avec autant de sincérité.
Tes patients ont de la chance.
Bises <3
Merci beaucoup Aileza ^^ Ca me fait plasir de voir que tu es passée par ici :) Gros gros bisous à toi et à ta famille Cosmique :p
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerHello,
RépondreSupprimerQu'est-ce qui te stresse tant dans cet article ? Il est parfait !
Ma mère qu'est infirmière à domicile aurait écrit le même, j'en suis sûre. :)
Il est bon de faire connaître ton métier.
++
Tu n'imagine pas le nombre de fois ou on m'a jeter au visage que je ne prenait pas assé de distance, que c'était le revers du métier et qu'il faut faire avec ou que j'étais incompétente car j'y mettais de ma personne (comprendre par là que je n'étais pas un robot)
SupprimerJe crois que les gens ne s'imagine pas que, par moments quand j'ai beaucoup de travail, je vois plus les patients que ma propre famille.
Je suis certaine que je m'entendrais très bien avec ta mère ^^
Les gens sont cons... Je suis convaincue, que bien que plus dure moralement, ton approche est bien plus constructive, humaine et intéressante.
SupprimerEvidemment qu'il faut faire avec, ça n'empêche de se sentir touchée par les événements.
Oui tu t'entendrais avec ma mère, elle est complètement à l'ouest et dégantée. Si un jour tu veux rencontrer ton état d'esprit boulot en live, tu fais signe. ;)
++
Je pense franchement que dans mes résolutions 2017 je vais tâcher de sortir de ma grotte et rencontrer du monde. Parce que plus je vieilli moins j'ai envie de rencontrer des gens ce qui est très con ^^'
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