samedi 23 février 2019

Enfant unique = monstre sans coeur?

Hello ^^

Je me suis perdue sur internet. Ça m'arrive souvent. Ça me permet de tomber sur des pépites, du moyens, du très moyens et du très nul. Et parfois relire ou réentendre des préjugés et idées reçues que je pensais enterrés depuis Mathusalem


Et ces idées reçues que j'ai croisées et que j'entends encore aujourd'hui en 2019 sont souvent celles sur les ... ta da da *musique dramatique* enfants uniques. *coup de tonnerre et rire démoniaque *

Ou plutôt "les solitaires, malheureux enfants uniques pourris gâtés et asociaux" En gros, les pires gosses que le monde ai créé. 

Et je t’admets que je commence à en avoir vraiment ras les fesses des préjugés dessus. Même encore maintenant, à 31 ans et demi, j'y ai encore droit "Quoi vous êtes enfant unique? Vous n'êtes pas asociale pourtant" Pan, vas-y mange! 

Alors je vais dézinguer les clichés qui sont le plus ressortis de mes recherches et tu le sais, avec moi quand y en a marre... Y a Malabar! (enfant des années 90' bonjourrrr!)


1) Les enfants uniques sont égoïstes.

D'après ce qu'on m'a conté car ma mémoire ne va pas juste là, lors de ma 1ere année de maternelle, je chouinais pas mal parce que j'aimais pas qu'on me prenne mes jouets. Bon, je n'avais pas été à la crèche donc je découvrais le monde merveilleux (ou pas...) de la collectivité. Je me rappelle surtout avoir fait toutes les maladies infantiles ayant un système immunitaire à chier. Merci ladite collectivité ou tout le monde se refile ses microbes.

Mais il parait que j'ai vite appris à prêter, à donner et à me...sociabiliser. Actuellement quand on me traite d'égoïste, essentiellement parce que je n'ai pas d'enfant (oui ça revient dans ce contexte-là)  déjà j'envoie chier parce que faire des enfants c'est aussi une forme d'égoïsme (et toc!) et surtout qu'on me trouve plus altruiste qu'égoïste

2) Les enfants uniques sont surprotégés.

Pour ce cas-là, pour moi, c'est vrai. Déjà je suis née prématurée à 7 mois avec la taille et le poids d’un bébé de 6 (j'étais donc considérée comme une "grande prématurée"), j'ai failli mourir à la naissance et en plus je suis née en 1987. Ce qui veut dire qu'en 1996, la Belgique découvrait avec dégout le "monstre de Marcinelle", Marc Dutroux. Et une véritable psychose a éclaté, les parents avaient peur de laisser leurs enfants aller à l'école seul.  

De plus ma mère ayant beaucoup de mal à trouver de l'emploi à cause de son handicap, a dû être mère au foyer (non par choix), ce qui explique mon non passage par la crèche avant la maternelle.

Donc j'ai été surprotégée encore plus et je ne sais pas encore quel impact réel ça a joué sur ma vie. Si ce n'est que je n'ai eu le droit de dormir chez une amie, pour la 1ère fois, vers mes 13-14 ans. 

Le seul truc que je prends avec un mi sourire, un mi grimace, c'est que ma mère continue à m'appeler "mon bébé", je sais qu'on reste à jamais le bébé de ses parents mais passé un certain âge, ça devient un poil agaçant. Et je reconnais que j'ai encore peur de décevoir mes parents, ce que je trouve... un poil agaçant aussi! 


3) Les enfants uniques sont pourri gâté et jamais en manque d'amour. 

A titre d'info, je connais des familles de deux enfants ou plus qui étaient encore plus gâtées que moi. En plus mes parents n'ont jamais roulés sur l'or, alors oui j'étais peut être gâtée mais je n'ai jamais eu tout ce que je voulais en usant de caprices (sévèrement réprimés d'ailleurs). Je n'ai certes jamais manqué de rien, mais j'ai quand même appris la valeur de l'argent (ou presque), des objets, des économies, qu'on a rien sans rien...

Pour ce qui est du manque d'amour, j'ai toujours été dans une famille aimante certes, mais avec une mère hyper à cheval sur la propreté et le rangement de son antre, tellement, que je suis tout l'inverse et que ma maison trop rangée m'angoisse un peu. J'ai eu droit à des amies à la maison (avec l'énorme nombre de...trois) et je voyais ma cousine tous les samedis. Sous couvert d'avoir des bonnes notes. 

Il parait que ça permet de forger une bonne confiance en soi... hahaha. J'en rigole toute seule tient! Mes parents étaient très strict, à l'adolescence, la moindre rébellion était sévèrement réprimée... on ne m'a pas élevée pour faire de moi une femme de caractère mais une carpette gentille, sage et obéissante. (Et c'est avec toutes ses années de reculs que je le constate avec tristesse) Parce que les petites filles doivent être douces, sages et gentilles. Ma confiance en moi, c'est mon travail qui m'a donné l'opportunité d'en développer. 

4) les enfants uniques sont solitaires voir asociaux.

Ce préjugé me fait hurler. Les enfants uniques ne sont pas élevés dans une pièce sans jamais voir personne. Au cas où, ils sont scolarisés ce qui permet de goûter aux joies de la vie en société. 

Les enfants uniques restent avant tout des individus qui évoluent, murissent et grandissent comme tous les autres individus. Je suis peut être un véritable paradoxe sur patte, vu que je suis bien dans mon petit chez-moi mais qu'à côté de ça, je suis aide-soignante, je vois des gens différents toute la journée.  Mais je sais quand même nouer des liens sociaux, j'ai des amis, des collègues et je m'insère plutôt bien dans la vie en général.

Tandis que mon mari (qui à une sœur beaucoup plus âgée qui est partie de chez ses parents à 18 ans, donc mon mari avait 5 ans et a été éduqué comme un enfant unique) est un véritable asocial fini. Et il le dit lui-même. Donc l'unicité ne fait pas le caractère de quelqu'un. Je connais des enfants issus de fratries qui sont aussi très solitaires. 

"Métier de l'aide aux personnes" et "asociale" c'est un peu antinomique, non?

5) Les enfants uniques  sont égocentriques et pas compétitifs.

Très tôt, même si j'étais la seule et l'unique dans le cœur de mes parents, on m'a très vite fait comprendre que le monde ne tourne pas qu'autour de ma petite personne. Je suis donc très loin d'être égocentrique, je ne suis pas le centre du monde, je ne le serai jamais et c'est vraiment très bien comme ça, ça ne m'intéresse pas de toute façon. 

Pour ce qui est de la compétition, il est vrai qu'en grandissant seule, je n'ai pas eu à défendre bec et ongle mon espace privé, mes jouets ou mes amis face à de féroces frères ou sœurs. Je n'ai pas eu à faire entendre ma voix ou défendre mes intérêts. 

Du coup j'ai du mal à défendre mon intérêt ou a imposer mes choix. Pas manque d'habitude, parce que je suis trop conciliante et aussi parce que je pense souvent que ce que je dis n'a aucun intérêt. (Mais ça c'est un autre problème) Et en plus j'ai la très fâcheuse mauvais habitude, manie, réflexe (nomme ça comme tu veux) de fuir les conflits comme la peste. J'ai également du mal à être en concurrence avec les autres et à me vendre... C'était ennuyant quand j'étais sur le marché de l'emploi, mais maintenant que j'ai mon CDI dans un métier qui demande de la coopération, j'ai plus de problèmes de ce côté-là. 

J'ai évidemment appris à devoir m’imposer au sein d'une classe ou d'un groupe mais ce n'est pas le truc ou j'excelle. En plus mes parents avaient l'art de faire à ma place (encore maintenant parfois) à vouloir trouver la maîtresse en ma faveur ou en essayant de résoudre les conflits à ma place. Scoop: ça ne m'a pas aidée du tout, je passais pour le chouchou de la prof et mes camarades ne m’appréciaient pas XD Je sais que ça partait d'une bonne intention mais ça a fait plus de mal que de bien. 


6) Les enfants uniques ont de meilleurs résultats scolaires

Effectivement, m'aider à faire mes devoirs était très certainement une corvée monumentale pour mes parents car je n’étais pas douée à l'école. Mes résultats plus que moyens, je les devais à force d'étudier encore, encore et encore... avec beaucoup d'acharnement et une bonne méthode de travail: faire au jour le jour et même à l'avance et ne pas attendre le jeudi pour faire le devoir du vendredi: fais-le le jour où tu l'as reçu. 

Je pense qui si je n'ai pas été la lamentable dernière de la classe, c'est bien parce que mes parents me poussaient. Mais je n'ai jamais été un génie. Et je ne le serai jamais.

7) Les enfants uniques sont plus matures et plus vite propriétaire.

Pour ce qui est d'être proprio, je ne vais pas mentir, si j'avais eu un frangin ou une frangine, j'avais pas la maison de mes grands-parents. Et c'est bien grâce à un legs du vivant de ma grand-mère, sinon, j'aurai peut-être été proprio ici en... janvier. Ou pas, j'en sais rien. Maintenant est-ce que c'est typique des enfants uniques j'en sais rien. 

Alors oui, j'ai grandis entourée d'adulte et il me reste quelque chose de ça: j'ai vraiment du mal avec mes pairs, mais vraiment. Je m'entends beaucoup mieux avec des gens plus âgés voire de vieilles personnes.

Par contre je n'ai pas été plus mature plus vite vu que j'ai justement eu un retard de maturité du à ma prématurité. Je sais, c'est ballot. Et j'ai été taxée d'immature par mon père jusque mes 30 ans. Donc pour ce qui est d'être "grand dans sa tête plus vite", on repassera. 

Mais je crois que ça va mieux :p (dit celle qui qui kiffe les jeux vidéo)

8) les enfants uniques ont une imagination débordante

Très tôt j'ai dû apprendre à m'occuper seule. A jouer seule. J'ai appris très vite les joies de la lecture. Des jeux vidéo, à l’adolescence avec l'arrivée de mon 1er pc, j'écrivais des histoires, des fanfics et je n'en n'étais pas malheureuse pour la cause. 

Et puis je jouais à des jeux de société avec mes parents, mes grands-parents, ma cousine... J'ai appris à jouer seule et à plusieurs. Par contre je suis mauvaise perdante, mais j'essaye de corriger ça.


J'ai terminé de dézinguer certains clichés. Je pense que je dois avoir fait le tour des plus classiques... et donc des plus chiants.

Je voulais préciser que l'idéal de mes parents c'était deux enfants. Mais la connasse de service à cassé le moule à sa sortie. D'ailleurs, parfois ça me fait un peu culpabiliser en me disant que a) ma mère a failli mourir à cause de moi, b) j'ai pas de frère ou de sœur à cause de moi XD... parce que si ma mère retombait enceinte, on a bien fait comprendre à mon père qu'il se verrait élever deux enfants sans la maman. 

J'ai dû aussi très vite assumer mes bêtises seule, je ne pouvais pas accuser le chien ou ma fratrie inexistante. 

Je ne suis donc pas pourrie gâtée, agressive, autoritaire, solitaire, asociale, égocentrique, égoïste... Je ne suis pas un monstre d'enfant roi, un despote, un tyran, un dictateur. Je ne suis pas une personne dénuée de sentiments ou de cœur. 

(Je précise que ce n'est pas non plus une critique de mon mode d'éducation, aucun parents ne reçoit le "manuel du parfait parent" et aucun bébé ne nait avec un mode d'emploi. Mais il y a des choses que je ne comprendrais surement jamais même en devenant parent à mon tour, si je décide un jour de me lancer là-dedans... ce qui est loin d'être gagné)

Enfant unique ou non, nous restons des individus avec une construction de vie, caractère, une éducation différente. J'ai déjà vu des enfants uniques compiler tous les clichés, des fratries qui ne sont pas hyper unies. On te crie souvent que frère et sœur c'est le best du best, mais dans la réalité, c'est pas toujours rose non plus. 

Et le pire du pire? C'est que je pense que Luc et moi on n’aurait qu'un seul enfant, déjà bien s'occuper d'un enfant ça coute cher, et le tabou derrière, je m'en tape, c'est une réalité, mes horaires, et puis... qui me paye l'extension de la maison? Mieux vaut un enfant épanouît que deux malheureux.

Il n'y a pas une famille idéale, mais des modèles familiaux ou tout un chacun fait de son mieux.

Mais je vais encore grincer des dents lorsque j'entendrais un "Vous être tellement généreuse pour une enfant unique"

Grr!

Et toi, enfant unique, pour toi ça rime avec "grosse peste" ou un simple modèle familial?

Gros bètchs


 

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